« Le Passager » de Jean-Christophe Grangé

Je suis la proie.
Je suis le tueur.
Je suis la cible.
Pour m'en sortir,
Une seule option: Fuir l'autre.

10% du roman sont consacrés à poser des certitudes que les 90% restants vont faire voler en éclats.
Les cent premières pages ne sont guère palpitantes, c’est à la faveur du premier retournement de situation fort surprenant, qui fait réellement démarrer l’intrigue, que le lecteur commence à faire corps avec le roman.
J’ai beaucoup aimé les personnages déglingués, abimés par la vie, à vif dans leur chair et dans leur âme. Anaïs, flic touchante et excessive aux méthodes d’investigations peu orthodoxes et Mathias le psychiatre ténébreux perclus de failles intimes, héros complexe n’ayant justement pas toujours une attitude de héros. Ces deux personnages sont vraiment bien campés. Quant aux personnages secondaires, trop nombreux pour tous les citer, j’ai apprécié le fait qu’ils ne soient pas caricaturaux.
Le ton de Grangé est ultra-réaliste, organique, dérangeant, le style simple mais vigoureux.
Le tout est assorti d’une immersion terrifiante dans le monde des SDF et des hôpitaux psychiatriques, en passant par une plongée dans les milieux interlopes parisiens, marseillais, européens et les malversations des grands groupes pharmaceutiques, agro-alimentaires et paramilitaires du monde moderne.
Cependant, était-il besoin de faire un roman de plus de 700 pages ? Non. L’histoire aurait pu largement tenir sur moins de pages et y aurait certainement beaucoup gagnée. A trois cents pages du dénouement, j’ai eu une petite baisse d’attention, je perdais patience face à certaines circonvolutions du récit qui ne me paraissaient pas indispensables. Cette sensation d’étirement maximal de l’intrigue m’a un peu agacée. J’avais l’impression que l’histoire n’en finirait jamais de se complexifier et de s’achever.
Et malheureusement ce que je craignais est arrivé : la fin est complètement ratée.
En bref, « Le Passager » est un thriller qui commence bien mais se termine de manière indigne au grand dam du lecteur qui se sentira floué d’avoir gâché tant d’heures de sa vie à lire un roman de 700 pages qui finit en pétard mouillé. Un roman invraisemblable, aux effets et rebondissements artificiels aux allures de foutage de gueule. En fermant ce roman, j’étais à la fois déçue et en colère, je regrettais presque d'avoir lu ce roman et c’est pourquoi je vous conseille de passer votre chemin.
