[LC] « Kitty Norville, 1, Kitty et les ondes de minuit » de Carrie Vaugh
Lecture commune organisée par Didi8921 chez Livraddict
302 pages, Pygmalion, Collection Darklight (novembre 2010)
Plaisir de lecture
Présentation de l’éditeur
Vous l'aurez compris, je suis animatrice radio et la nocturne n'est pas de tout repos ! Quand j'ai commencé mon émission, Les Ondes de minuit, je m'attendais à tout sauf à recevoir l'appel de tous les dépressifs du monde de la nuit. Eh oui, tous y passent : vampires, sorcières, lycanthropes... Il est vrai qu'étant moi-même un loup-garou, mes auditeurs sont en confiance. Seulement, le succès est tel que ça commence à s'agiter dans l'ombre. Que ce soit ma meute ou la clique vampirique du coin, ils préféreraient que je me taise... définitivement.
Mon Avis
Plonger tout de go dans l’univers du roman, sans palabres inutiles, est une bonne chose. Et ce même si Carrie Vaugh s’appesantit un peu trop à mon goût sur le fonctionnement d’une meute de loup-garous ou d’une famille de vampires, choses déjà cent fois rabâchées ailleurs.
J'ai adoré l’originalité du métier de Kitty, une DJ-Louve-garou (!) travaillant sur une radio locale, sorte de Macha Méril pour créatures surnaturelles en perdition. Ce métier en fait un personnage public et tout en l’exposant aux yeux du monde (contre-pied parfait aux autres romans traitant de lycanthropie) permet la mise en place de situations variées, du cocasse à l’angoissant. Ce procédé autorise également Kitty à se livrer à ses auditeurs, ce qui épargne un peu au lecteur de trop nombreux monologues intérieurs (même s’il y en a tout de même) et constitue une manière originale de connaître les états d’âme de l’héroïne.
La dissociation louve/humaine qui s’opère chez Kitty enrichit le personnage. Donnant à voir Kitty gérer ses deux personnalités distinctes, en passant du Je au Elle aprés la transformation et en mettant les instants où elle est une louve en valeur par l’utilisation de l’italique.
Si j’ai trouvé sympathique l’idée que Kitty devienne consultante auprès de la police, l’enquête menée n’a aucun intérêt puisqu'on devine le coupable dès le début. Petit manque de suspense heureusement compensé par l’humour de Kitty, jeune fille maligne, décontractée et délurée qui m'a souvent fait sourire. J’ai adoré les multiples clins d’œil à la série X-Files (dont je suis une grande fan).
Les relations que Kitty entretient avec les hommes sont très intéressantes. Relation trouble et complexe avec Carl, l’Alpha autoritaire, sympathique valse-hésitation avec Cormac le chasseur de primes, touchante amitié sincère avec T.J ou bien encore collaboration pacifique avec Rick, le vampire du Far West.
J’ai nettement préféré la première partie du livre à la seconde que j’ai trouvé parfois ennuyeuse (à l’exception des émissions de radio de Kitty qui sont mes moments favoris du roman). Tous les affrontements lupins décrits dans les derniers chapitres alourdissent considérablement l’intrigue et donnent un sentiment de déjà-lu.
Saluons donc les efforts de l’auteure qui tente (parfois sans réussite) de renouveler les schémas du roman bit-lit mettant en scène des loups-garous. Son roman fait montre de dynamisme et d’humour et s'il n'a certes rien d'exceptionnel, il demeure de facture agréable.
Extrait qui donne le ton :
—Je suis un loup-garou enfermé dans le corps d'un humain.
—Euh, oui, c'est un peu la définition du truc.
—Non, sérieux. Je suis vraiment enfermé.
—Oh ? Quand est-ce que tu t'es Transformé pour la dernière fois ?
—C'est justement le problème... je ne me suis jamais Transformé.
—Alors, tu n'es pas vraiment un loup-garou.
—Pas encore. Mais je suis destiné à le devenir, je le sais. Comment me faire attaquer par un loup-garou ?
—Tu vas te balader dans une forêt une nuit de pleine lune avec un morceau de bidoche collé sur la figure et une pancarte où tu auras marqué :
« Bouffez-moi, je suis un con. »
—Non, je suis sérieux.
—Moi aussi ! Écoute, tu ne veux pas être attaqué par un loup-garou. Tu ne veux pas devenir un loup-garou. Tu le crois peut-être, mais laisse-moi t'expliquer le topo encore une fois. La lycanthropie est une maladie. Une maladie chronique qui change la vie et qui est incurable. Ceux qui en sont atteints apprennent peut-être à vivre avec — certains mieux que d'autres - mais à cause de cette maladie, ils ne pourront plus jamais mener une vie normale. Tes chances de mourir prématurément de mort violente explosent exponentiellement.
—Mais j'ai envie d'avoir des crocs et des griffes. Je veux chasser le cerf à mains nues. Ce serait tellement cool !
J'ai soupiré en passant une main sur mon front. J'avais au moins un appel de ce type à chaque émission. Si je pouvais convaincre ne serait-ce qu'un seul de ces bouffons que ce n'était pas si cool d'être un loup-garou, je considérerais que cette émission avait rempli sa mission.
—Ce n'est pas du tout la même chose quand tu chasses pour le plaisir et quand tu chasses pour assouvir la soif de sang du loup qui est en toi. À défaut de cerfs, tu chasserais des hommes, et tu aurais des problèmes. Qu'est-ce que tu en dis, des proies humaines, Pete ? Et de les dévorer ensuite ?
Ben, je m'y habituerais sûrement.
Les gens t'attendraient avec des fusils et des balles en argent. Pour la dernière fois, je ne recommande pas la lycanthropie comme style de vie. Auditeur suivant.
et ici : didi8921, Flof13, Mariiine, Micah, Petit-lips, everbook.
Cette lecture entre également dans le cadre du Challenge Fang's chez Choukette