« Les hirondelles de Kaboul » de Yasmina Khadra
147 pages, Pocket (2008)
Plaisir de lecture
Présentation de l'éditeur
Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici une lapidation de femme, là un stade rempli pour des exécutions publiques. Les Taliban veillent. La joie & le rire sont devenus suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Toute fierté l'a quitté. Le goût de vivre à également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l'obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n'a plus d'autres histoires à offrir que des tragédies. Quel espoir est-il permis? Le printemps des hirondelles semble bien loin encore...
Mon Avis
Initialement, je devais lire "L'imposture des mots" mais ne réussissant pas à mettre la main dessus dans mon fatras livresque, je me suis fait plaisir en achetant "Les hirondelles de Kaboul ".
Ironie du sort, c'est le jour du printemps que j'ai commencé la lecture de ce roman marquant.
Avouons que le lyrisme de l’écriture de Yasmina Khadra ne masque en rien l’horreur de la situation à Kaboul, l'« antichambre de l’au-delà » où bourreaux et victimes se croisent sous un soleil de plomb : « Dans un pays où les cimetières rivalisent avec les terrains vagues en matière d'extension, où les cortèges funèbres prolongent les convois militaires (…) », où à chaque coin de rue, les estropiés de guerre narrent avec délectation leurs hauts faits d’armes, et où survivent des personnages de renoncement : mendiants, fous, femmes ensevelis sous leurs tchadris : « Avec ce voile maudit, je ne suis ni un être humain, ni une bête, juste un affront ou une opprobre que l'on doit cacher telle une infirmité » puisqu’« A Kaboul, les joies ayant été rangées parmi les péchés capitaux, il devient inutile de chercher auprès d'une tierce personne un quelconque réconfort. Quel réconfort pourrait-on encore entretenir dans un monde chaotique, fait de brutalité et d'invraisemblance, saigné à blanc par un enchaînement de guerres d'une rare violence; un monde déserté par ses saints patrons, livré aux bourreaux et aux corbeaux, et que les prières les plus ferventes semblent incapables de ramener à la raison ? ».
Si le prologue est un pur moment de poésie macabre dévoilant la vision d’un monde pourrissant sous le vol des corbeaux et la puanteur des charognes, le premier chapitre débute d’une manière très choquante avec la lapidation publique d’une prostituée que j’ai vécue de façon viscérale.
Au fond, l’auteur nous raconte une histoire toute simple mais émouvante, suivant la destinée de deux hommes et de deux femmes qui cherchent à retrouver leur dignité et nous offre un roman doublé d’une leçon d’humanisme.
Zunairia et Mussarat sont de beaux personnages de femmes et Atiq et Mohsen des personnages intéressants dans la mesure où, nuancés, ils ne sont ni tout à fait bons ni tout à fait mauvais.
Hélas, les chapitres sont d’intérêt assez inégal. Certains comportent des longueurs et des facilités narratives qui rendent l’intrigue prévisible et la fin invraisemblable.
Mais qu’importe puisque l’intérêt réside ici en la beauté de l’écriture de Yasmina Khadra qui fait un peu oublier les maladresses narratives, la lenteur pesante du récit et les flottements discursifs intempestifs.
Dés lors la musicalité de la langue et le saisissement des images employées par Khadra nous murmure doucement que « La musique est le véritable souffle de la vie. On mange pour ne pas mourir de faim. On chante pour s'entendre vivre » et l'on pardonne ces égarements dans la conduite du récit.
Malgré ces quelques réserves, j’ai trouvé que « Les hirondelles de Kaboul » était un livre intéressant même s’il ne m’a pas totalement séduite ni convaincue, et Yasmina Khadra possède à mon sens, une jolie écriture.
Lu dans le cadre de l'opération ; Découvrons un auteur chez Pimprenelle avec d'autres bloggeuses