[Partenariat] « La rédemption du Marchand de sable » de Tom Piccirilli
[Partenariat] « La rédemption du Marchand de sable » de Tom Piccirilli
Editions Folio (Policier), 432 pages, 2011
Quatrième de couv’
Depuis que Killjoy a assassiné sa petite fille, la vie d’Eddie Whitt n’est plus qu’un long cauchemar... Il a tout perdu, sa femme a sombré dans la folie, il a quitté son travail et choisi de traquer sans répit celui qu’on surnomme le Tueur à l’oreiller ou le Marchand de sable.
Lorsqu’il réapparaît quelques années plus tard, Killjoy a changé. Il ne tue plus. Il enlève des enfants maltraités par leurs parents pour les donner aux familles endeuillées par sa faute. Dans de longues lettres tourmentées, il tente d’expliquer à Eddie ce qu’il fait.
Entre le père désespéré et l’assassin en quête de rédemption va se nouer une étrange relation faite de folie et de fascination...
Mon Avis
Sur une trame vraiment originale servie par des personnages forts possédant une grande profondeur psychologique, ce thriller à la lisière du fantastique ne vous laissera pas indemne.
Le héros Whitt, ancien réalisateur de pubs, n'est pas un personnage simple à saisir ou à comprendre, il n'est pas qu'un père éploré par la mort de sa fille et la folie furieuse de son épouse, il est aussi un homme ivre de vengeance, apôtre de la violence et de l'auto-défense. Le personnage a à la fois un pied dans la raison et un autre dans la folie. La relation qu'il entretient avec Killjoy (celui qui à tué sa joie) est particulièrement ambigüe. Si l'on devait trouver une comparaison, il faudrait parler de la relation qu'entretient Clarice Starling avec Hannibal Lecter dans « Le Silence des agneaux » par exemple.
Killjoy, le tueur en série inventé par Tom Piccirilli glace d'effroi. Et les relations qu'il instaure avec ses victimes sont aussi fascinantes qu'écœurantes. Manipulateur né, ce marchand de sable est bâti sur un modèle inédit. Par un astucieux procédé, le construct, la personnalité du tueur ne se donnent à voir qu’au travers des lettres qu’il envoie à ses victimes.
L'atmosphère du bouquin m'a parfois fait songer à celle du « Shining » de Stephen King, dans la manière dont l’auteur aborde le thème de la progression de la folie et grâce à quelques scènes marquantes qui délivrent leurs lots de frissons avec notamment l'importance de la mise en abyme symbolisée par la maison de poupée de Sarah.
Le style de Piccirilli est très bon, vif et racé. Les pages se tournent à toute vitesse.
Interrogeant le bien, le mal, la perversion du pardon, la légitimité de la rédemption, la folie, le tout avec un humour caustique, l'auteur offre un roman dur et douloureux qui peut mettre mal à l’aise mais qui rompt brillamment avec les codes classiques du thriller américain. Ici, ce n’est pas la traque du psychopathe qui importe ni même son identité, c’est avant tout le parcours halluciné d’Eddie Whitt, un homme brisé incapable de se reconstruire. La fin du roman, quasi-dantesque, est très surprenante.
Doté d’une belle humanité et profondément émouvant, ce roman est un coup de poing de mots, de larmes et de sang et Piccirilli est un auteur à suivre de très près.
L'auteur
Né en 1965 à New York, Tom Piccirilli est l’auteur de plus de vingt roman. Lauréat du Bram
Stoker Award (catégories roman et poésie) pour The Night Class, ses histoires qui mêlent le
morbide, l’étrange et l’humour, servies par son style lyrique, font de lui un des nouveaux maîtres
du fantastique contemporain. Un Choeur des enfants maudits, son premier roman traduit en
français, a été publié en Folio S-F, n°258.
Je remercie très chaleureusement Livraddict et les Editions pour ce formidable partenariat en espérant que notre collaboration fort plaisante aura l’occasion de se renouveler.