Feist, Raymond - Faerie
Feist, Raymond - Faërie
Plaisir de lecture
La vieille ferme isolée dans les bois les avait séduits. La maison était splendide et étrange, spacieuse et pleine de recoins secrets. Phil et Gloria pensaient y trouver le calme après la vie agitée des studios de cinéma californiens. Mais derrière les portes des maisons anciennes, sous les ponts perdus au fond des bois, se cachent souvent des êtres magiques et forces obscures, et la maison du vieux Kessler ne fait pas exception. Les enfants du couple sont les premiers à y être sensibles. D'abord les jumeaux, qui y voient la présence des fées et du vieux peuple des légendes ; ensuite leur fille, dont la beauté attire les désirs d'êtres plus inquiétants... Jusqu'à ce qu'ils deviennent tous les jouets de puissances inconnues, pions dans une guerre éternelle et sanglante, dont dépend le sort de la Terre : quand les maîtres du grand pacte avec les forces de la lumière et des ténèbres, héritiers des druides celtes et des grands prêtres des religions anciennes, surgissent de la nuit pour confirmer leur règne de peur et de secret.
Mon avis
Souvent présenté comme une référence si ce n'est une oeuvre majeure de la littérature fantastique, Faërie déçoit. Si la seconde partie du roman est une réussite, sombre et angoissante , qui utilise à merveille les légendes celtiques et contribue à la création d'un outre-monde fascinant, peuplé de créatures impressionantes, associés aux progrés de la science en matière de neurologie, la première moitié du livre n'est guére emballante. Bavardes et ennuyeuses les deux cents premières pages donnent presque envie de poser le roman. On a l'impression de lire un roman pour ados qui se donnent de grands airs de roman pour adultes à grands renforts de dialogues vulgaires qui ne parviennent pas à faire oublier le manque de charisme des personnages. La crudité de certains passages très explicitement érotiques ainsi que l'utilisation d'une certaine atmosphère lourde et perverse pourraient choquer les plus jeunes. Feist prend plaisit à choquer en repoussant les limites d'un certain bon goût et sa méthode repose sur la corruption de l'innocence de l'enfance qui pourra mettre mal à l'aise.
Le style de l'auteur, simple jusqu'à la platitude, confirme cette sensation de lire un roman pour ados et non pour adultes. Quelques moments de frissons sont à retenir malgré tout, notamment ceux mettant en scène la chose noire faisant irruption dans le cocon douillet du foyer familial et d'une chambre d'enfant. L'auteur joue avec les peurs ancestrales des enfants comme de leurs parents et c'est dans ce surgissement progressif de la peur primaire et de l'inconnu dans la banalité du quotidien d'une famille normale que réside la seule véritable réissite de Raymond Feist. Au final, c'est bien peu pour un livre se voulant effrayant.